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Démissionner pour créer son entreprise : et si c’était le bon moment ?

Près d’un actif sur deux prépare ou envisage une reconversion professionnelle. Certains ont décidé de quitter leur emploi pour se lancer de nouveaux défis. Démissionner pour créer son entreprise est désormais possible et éligible au versement des allocations chômage sous certaines conditions. Vous pouvez être aidé dans ce changement de vie professionnelle si votre projet est mûrement réfléchi. Décryptage sur le dispositif démission reconversion par Isabelle Le Quillec, conseillère en évolution professionnelle au sein d'Avenir Actifs.

Y a-t-il de bons et de mauvais moments pour se lancer dans un projet de création d’entreprise, notamment en situation de crise ?

Isabelle Le Quillec : La période post-covid et plus largement, l’évolution de la société et du travail ont amené pas mal de réflexions sur le sens de la vie de chacun, et notamment sur son métier. Au-delà de la conjoncture, créer son entreprise répond à une volonté de changement mais aussi à des enjeux personnels. En tant que conseillère en évolution professionnelle Avenir Actifs, j’accompagne tous les profils. Nous rencontrons majoritairement deux cas de figure. Parfois, certaines personnes ont juste envie d’évoluer, de créer quelque chose sans idée précise de l’activité, nous les aidons alors dans leur réflexion. D’autres ont déjà un projet bien avancé et nous les orientons vers les bons interlocuteurs. Par exemple, il arrive que des salariés ne voient pas de perspectives d’évolution dans leur poste et souhaitent créer leur propre activité en lien avec ce métier. Une chose est sûre : nous constatons, au fil des mois, une croissance des demandes d’accompagnement.

Sur le plan individuel, quand considérer que c’est le bon moment ?
I.L.Q. : Vous devez bien réfléchir à la viabilité du projet en tenant compte des risques financiers et de vos contraintes personnelles. Créer une entreprise n’est, par ailleurs, pas adapté à toutes les personnalités. Il faut savoir prendre des risques et rebondir, mais aussi enrichir vos compétences en vous associant avec des profils complémentaires au vôtre ou bien en vous formant, par exemple à la gestion, au développement commercial, etc.

Qu’est-ce que le dispositif démission-reconversion ?
I.L.Q. : Ce dispositif permet aux salariés en activité de démissionner pour créer leur entreprise en étant éligibles à l’assurance chômage. S’ils remplissent certaines conditions, ils seront indemnisés par France Travail avec l’ARE (l’allocation d’aide de retour à l’emploi). Mais lorsqu’ils lancent une activité, la démission n’est qu’une option. Attention à ne pas prendre de décision hâtive. Avant d’en arriver là, nous leur conseillons souvent, en fonction de leur situation, d’analyser la perspective de demander une rupture conventionnelle–qui peut être plus sûre et plus rapide–alors que l’objectif est le même : quitter leur poste pour concrétiser leur projet tout en bénéficiant de l’ARE. Cependant, la rupture conventionnelle repose sur un commun accord avec l’employeur, elle n’est donc pas toujours acceptée. Dans ce cas précis, le dispositif démission-reconversion est intéressant.

Quelles sont ses conditions ?

I.L.Q. : Avant de démissionner, attention à bien vérifier qu’on remplit les conditions.

Il faut :

– être en CDI de droit privé dans une entreprise qui cotise à l’assurance chômage

– justifier de 5 ans d’activité continue (au moins 1300 jours dans les 60 derniers mois) chez un ou plusieurs employeurs. Les congés sabbatiques, congés sans solde ou périodes de disponibilité ne sont pas pris en compte. Attention, durant cette période de 5 ans, il ne doit pas y avoir plus de 2 jours d’interruption de travail entre deux contrats, dans la même semaine civile du lundi au dimanche. Par ailleurs, le salarié ne doit pas avoir déjà démissionné ou créé son entreprise.

– avoir un projet de reconversion professionnelle bien préparé et reconnu comme réel et sérieux : Mon CEP par Avenir Actifs vous aide à bien préparer votre dossier à déposer auprès de Transitions Pro qui définit si le projet est réel et sérieux avant que France travail ne décide de votre éligibilité à l’Assurance chômage et/ou de prendre en charge une formation.

Justement, comment les conseillers de Mon CEP Avenir Actifs accompagnent-ils les porteurs de projet ? 

I.L.Q. : Nous les aidons, tout d’abord, à valider la viabilité de leur projet en croisant plusieurs éléments : leur personnalité, leurs motivations, leurs objectifs, mais aussi les ressources et contraintes personnelles. Nous les poussons ensuite à faire une enquête métier pour qu’ils maitrisent bien les contraintes du marché. Nous étudions en parallèle d’éventuels besoins en formation. Nous les conseillons par la suite sur les pièces à joindre au dossier démissionnaire (business plan, études de marché, prévisionnel financier). À noter, nous ne créons pas ces pièces avec eux. Les chambres de commerce et d’industrie (CCI) et le réseau BGE sont des bons interlocuteurs en la matière. Par ailleurs, ils connaissent bien les aides financières, qu’elles soient locales ou liées à un secteur d’activité. Le dossier démissionnaire doit attester du caractère sérieux et réel du projet de démission pour création d’entreprise. Il sera envoyé à une Commission paritaire interprofessionnelle régionale (CPIR) qui a deux mois pour transmettre sa décision par courrier. Après validation du dossier par la commission, les salariés peuvent démissionner et s’inscrire comme demandeurs d’emploi dans les six mois. Ils bénéficieront alors des dispositifs de France Travail.

Le réflexe Mon CEP

Article rédigé par Avenir Actifs Normandie. Mise à jour Avril 2024

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